de Johann Guillaud-Bachet / roman / Calmann-Lévy
Dès le début, on tombe dans le vif du sujet (si j’ose dire car c’est la découverte d’un cadavre). Entre deux chapitres, l’auteur détaille le portrait de ses personnages, leur enfance, leurs traits psychologiques.Les deux principaux David et Ludo, éprouvés par la vie, sont sensibles, attachants. On découvre aussi la vie d’une petite station de ski de moyenne montagne avec sa problématique du manque de neige et d’eau, vue depuis l’intérieur. Un univers bien documenté, maîtrisé. D’un côté les travailleurs exploités, malmenés, qui se réfugient pour beaucoup dans l’alcool et de l’autre, une riche famille de patrons cyniques et manipulateurs qui dominent tout, qui soudoient. Et, en balance, le monde de la forêt, une ode aux animaux sauvages, qui montrent cependant des comportements bizarres.
Un roman noir très bien construit, dont l’intensité dramatique monte à chaque chapitre, au vocabulaire imagé, foisonnant. Une excellente lecture.
L’histoire :
Ludo et David enchaînent les nuits à damer les pistes de ski pour un salaire de misère. Au cœur des montagnes qui les ont vus naître, le petit fûté et le géant naïf ont toujours veillé l’un sur l’autre. Lorsque David trouve un corps dans les bois, à moitié dévoré, Ludo décide de le cacher pour leur éviter des ennuis. Bientôt le géant prend l’habitude de se confier au cadavre, enfoui au fond de son étable sous une épaisse couche de glace. Avec la sécheresse exceptionnelle qui sévit cet hiver-là, un mal étrange rode dans la forêt. Dans la commune, la colère gronde : quelle est cette rage qui transforme les animaux les plus paisibles en fauves ? Comment la station produit-elle encore de la neige artificielle alors que l’eau manque au robinet ? Le géant le sent : un fil se tend qui enserre les bêtes et les hommes et leur fait perdre la tête.
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